Al Way's
jeudi 5 mai 2016
jeudi 17 décembre 2015
mercredi 21 octobre 2015
Le retour des couilles ( idées décoiffées )
Le
roi Penga
Mon
nom est Penga.
C’est
le nom de la dynastie des Pengas que mon arrière, arrière-grand-père
Daragoch fonda, en été, de cette année, lointaine et inoubliée
et marquée par de longs mois de terrible canicule, sans un nuage à
l ’ horizon, sans une goutte de pluie du ciel. La famine
s’installa, même les rapaces n’avaient plus de force, ni
d’espoir pour survoler leurs proies. Les bergers mouraient avant de
pousser leurs maigres troupeaux jusqu’au bord des rares champs, au
pied des collines, avec encore un peu de l’herbe asséchée.
Daragoche
Penga prit, alors son violon, se tourna vers sa femme et dit :
Viens,
femme. Prépare les gosses, on part chercher de la pluie.
Pendant
des semaines, pendant des mois, en traversant les villes et les
villages, en avançant le long des rivières sèches, en entrant
pour les seuls courts repos, chez les gens et dans les églises, il
marchait et jouait de son violon. A la fin de sa longue route, après
des mois de jours et de nuits de jouer au violon, après avoir perdu
quatre de ses six enfants, mon arrière, arrière-grand-père remmena
la pluie sur les champs et sur les toits des maisons des hommes. Il
est mort le jour où, on l’a proclamé roi de La Daccie et de la
Vallacie.
Je
suis le dernier rejeton de cette noble famille, le seul descendant
mâle authentique. A la date du 16 janvier 1941, mon grand-père fut
trouvé mort à côté des voies ferrées, après avoir sauté avec
sa femme dans ses bras du train qui se dirigeait vers un camp de
travail ou de la mort, ou de travail qui libère jusqu’à la mort.
Ma grand-mère, grièvement blessée et prise de convulsions accoucha
avant terme et mourut, sa tête sur le torse de son mari, déjà
sans vie. C’est un chien qui trouva mon père et en aboyant attira
l’attention de son maître. Toute sa vie, mon père garda le
souvenir de l’odeur et de la chaleur de l’herbe et des plumes des
oies que la femme de cet homme, un musicien hongrois lui faisait
comme couveuse.
Je
joue aussi, du violon. Je m’appelle Vital Penga. Mais aujourd’hui,
je ne jouerai pas, aujourd’hui c’est mon couronnement. Je dois me
reposer un peu, pour être frais pour le moment où, on me dit :
Vital
Penga, c’est le 2 septembre 2013, voilà le moment, oh notre Roi !
, à porter cette couronne, oh roy de la Daccie et da la Vallacie.
Vital,
Vital, mon ami Sedi me secouait, réveille - toi, bon sang. Ils sont
venus, ils nous chassent. La police casse les caravanes. Viens on se
sauve ! Viens on se cache ! Tu sais bien que les gens ici,
ici aussi comme ailleurs ne veulent pas de nous ! Allez !
Prends ton violon et cours !
Flou de rage
La
secrétaire me regarde, regarde son agenda :
- Vous êtes l'auteur de ''Les lettres à Flo''.
- Yes.
- Comment orthographiez-vous iesse, non, pardon, vous pouvez répéter votre réponse ?
- Oui ! La réponse est oui !
- Donc vous en êtes l’auteur. Flo (Phlau, Flot), comment orthographiez-vous, s'il vous plaît ?
- F comme Silvana Mantopulis Clara y Casta, la fille !
- Merci, vous patientez et le rédacteur vous recevra sous peu, merci.Le bureau du Décideur est grand, agréable, ensoleillé. Le Décideur est petit, désagréable et sombre. Il ne m'invite pas de prendre place en face de lui alors je reste debout mais devant lui, quand même. Il me tend mon manuscrit.
- C’est flou !
- Flo?
- C’est flou.
- Flo ?
- Notre comité de lecture l'a lu, une pause pour me laisser du temps pour mes remerciements muets, oui, nous avons lu, un regard vers le haut annonçant une suite décisive pour mon avenir d’écrivain, mon avenir tout court. C’est flou !
- Flo?
- C’est flou !
- Flou Flo ? Flo flou ? C’est Fou !!
- Flou, flou !
- Avez-vous, vraiment lou ?
- Nous avons lu ! C’est flou ! Nous avons une ligne éditoriale ! Une ligne éditoriale qui est une tangente du code du Cercle Rond Rouge des poètes comme tels perçus … Le même code est proposé, discuté et retenu par le bureau Collegium Fidelis Copinarum dont les membres sont élus parmi les auteurs du Cercle Rond Rouge. Nous pouvons avancer, sans aucune fausse modestie d'avoir constitué un ''Cercle des Poètes comme tels perçus '' et que ce Cercle Rond
- Rouge ?
- C’est flou chez vous !
- Chez Flo ? Flou ?
- Chez vous ! Nous voulons des auteurs de talent. Qui ont du vécu, les auteurs qui savent transmettre ce vécu aux lecteurs par une narration intelligente. Sans vouloir vous offenser, je crains que vous ne puissiez pas entrer dans notre Cercle Rond Rouge. Nous ne pouvons pas nous permettre des expériences. Nous n'avons pas de garanties que vous pouvez décrire votre vécu tout en supposant que vous en avez un.
- Mais votre analyse est floue. C’est clair, c'est flou ! C’est fou ! Je n’ai pas de vécu ? Mais mon vécu est plus fort qu’une vie molle de vos poètes mourant en permanence dans les salons des retraités de la culture. Je suis le géant qui tire derrière lui la montagne sous laquelle coule la rivière de sa naissance. Mon vécu n’a pas été éjaculé en branlette pour vivre dans une éprouvette de votre Circus rond rouge. Mon vécu n'est pas une description. Mon vécu c’est de la bouche plaine de la terre avec le goût et l’odeur des promesses. J'ai connu la peur et le choque et la honte d'un survécu quand la mort massacre les enfants à côté de toi. Mon vécu c’est la couleur des rouges à lèvres des vierges et des putes, c’est le gout salé du sang, c’est partir à l'aube à côté de Pedro dans sa vieille ‘’chevy’’ pour aller passer une nuit avec Maria Dolores à l'autre bout du désert porto-ricain. J'ai fait du stop sur 5 000 km pour aller faire bouclier humain sur les ponts cibles militaires dans les Balkans … j'ai affronté le terrible Ukrainien Popetchenko dans un match de box en 15 rounds pour gagner 15 dollars par le round et 5 dollars par knock-down. J'ai été un loup parmi les hommes chassant les loups. J'ai osé sonner à la porte de mon proprio à trois heures du matin et réclamer trois morceaux du sucre, avec trois mois de retard de loyer … non, je rigole, j'avais payé, enfin j'ai voulu payer...Il n'a pas réagi, il n'a, certainement pas compris ou bien je n’ai rien dit. Faux, il avait la trouille. Je fais le tour et m'assoie sur le bureau de son côte. Il avait l'air perdu.
- Un très grand écrivain a dit qu'il était plus difficile de trouver un bon lecteur qu'un bon auteur. Eh ban, c'est faux, le lecteur n'existe plus, il est parti, il est mort, il n'y a plus que la lectrice et la lectrice semble friande d’amour. Alors oublie les foutaises que je viens de te dire, je t’écrirai une magnifique histoire de 650 pages pure love. Ok ? T'es pas convaincu ? T'a raison, faut dire : elle est triste, quand elle est triste, faut dire il l'aime de tout son cœur tout les deux pages pour rassurer les lectrices. Je n’écris pas pour faire chialer une ménagère, je lui propose le suicide assisté si elle osera aller à la dernière page. Bon, bon, je déconne, elle restera en vie, votre cliente, ma lectrice. Et mon affaire c’est flou ?
- C’est flou !
- Flo ?
- Flou !
Je me lève. J'ai pris mon texte et suis sorti. - Alors, c’était comment !
- Claire ! Il nous trouve flous !
- Flou ?
- Oui. Que faire ?
- Rien, viens on s’en va.
- Et c’est tout ? Flo, c’est tout ?
- Non, elle sourit, on s’en va … mais tu continues.
Je ne dis rien ! Je lui tends mon bras. Florence prend ma main. - Parle-moi de ton prochain roman.
- C’est encore un peu flou, Flo.
Donc
Assis
à côté de la belle fille, belle parce que joli visage, gros
nichons, fesses fermes et non belle fille parce que mariée à son
fils, qu'il n'a pas d'ailleurs, Arthur se taisait. Sa fille aussi. La
belle fille était sa fille. Et belle.
Tu
m'écoutes ? dit le père.
On
peut dire, maintenant qu'ils ne se taisaient plus, même si la fille
n'a rien dit. Elle se taisait toujours, donc. Faire du pluriel où il
n'y a que le singulier qui rompt le silence c'est bizarre, mais
bon.
La mère mit la marmite à côté de quelque chose. On verra par la suite que ce quelque chose était pauvre. Enfin, on le verra tout de suite et non par la suite, quoique c'est, un peu, par la suite aussi vu que ça se lit après qu'on l'avait dit, par la suite, donc. Arthur se tourna vers sa mère, la mère de sa fille et non vers sa propre mère, laquelle était absente d'ailleurs. Et morte.
La mère mit la marmite à côté de quelque chose. On verra par la suite que ce quelque chose était pauvre. Enfin, on le verra tout de suite et non par la suite, quoique c'est, un peu, par la suite aussi vu que ça se lit après qu'on l'avait dit, par la suite, donc. Arthur se tourna vers sa mère, la mère de sa fille et non vers sa propre mère, laquelle était absente d'ailleurs. Et morte.
― Donc,
dit-il à sa femme, sa propre femme, bien évidement puisque sa
fille n'avait pas de femme, elle l'était.
― Donc,
dit-il, la pauvre chose est enceinte ?
Pauvre
et enceinte. Ce n'est pas incompatible mais c'est chiant.
La mère n'osa pas le regarder dans les yeux, alors elle le regarda dans les oreilles, mais ceci s'avéra peu pratique et fatigant que d'osciller d'un côté de sa tête à l'autre, à cause de cette maladroite géographie capitale. Elle décida d'abandonner cet exercice difficile. Elle alla même jusqu’à l'idée d'abandonner la pièce. Mais elle abandonna cette idée et n'abandonna que les oscillations. Arthur regarda sa femme avec l'insistance.
La mère n'osa pas le regarder dans les yeux, alors elle le regarda dans les oreilles, mais ceci s'avéra peu pratique et fatigant que d'osciller d'un côté de sa tête à l'autre, à cause de cette maladroite géographie capitale. Elle décida d'abandonner cet exercice difficile. Elle alla même jusqu’à l'idée d'abandonner la pièce. Mais elle abandonna cette idée et n'abandonna que les oscillations. Arthur regarda sa femme avec l'insistance.
― Je
te somme de me dire de quoi il s’agît, de me tout dire, j'ai droit
de savoir ce qui se passe ici. Parle ! Accouche !
― Non
papa, c'est moi et puis c'est trop tôt ! s'écria sa fille,
elle était aussi la fille de la femme, de sa femme, leur fille,
quoi.
― C'est
qui le père ?
― Père,
le père n'est pour rien, il ne le sait, même, pas.
― Et
toi ? Tu étais au courant ?, dit-il à la mère de sa
fille à sa femme donc.
― Personne
n'était au courant. Même pas le père, c'est dire. Enfin elle le
savait, tout de même, elle-même ?
― Tu
es, donc, la seule à le savoir ?, dit-il à la fille de sa
femme, à la sienne aussi, vu que ... bon, ok, ok …
― As-tu
pensé aux conséquences ? As-tu une idée comment t’en
sortir, as-tu une solution ?
La
fille réfléchit pendant un bon moment puis pendant un mauvais et
finalement, après un deuxième bon moment répondit :
― Oui,
mais je ne m'y connais pas trop. J'ai vu un frigidaire avec trois
étoiles qui fait aussi congélateur et c'est moins cher. Alors,
j'hésitais...
― Faut
pas hésiter, ma fille, un congélateur c'est assez cher et si le
frigo que tu as vu fait le congèle aussi alors on va prendre
celui-là. On n'a pas beaucoup d'argent et puis pour une débutante
comme toi, ça ira comme ça.
Vita
cane
Ma
chienne Belle dressa ses oreilles, quitta la place à mes pieds et se
dirigea vers la porte d’entrée de notre appartement. Quelques
instants plus tard quelqu’un sonna. L’homme, que je vis en
ouvrant la porte, tenait un dossier bleu entre ses mains. Son regard
se leva de la page gauche de son dossier ouvert et se posa sur moi.
― Bonjour,
dit-il, je suis Monsieur Dondo Herzog de Salinas ! Dondo Herzog
de Salinas du service municipal ‘’ crotte enlevée, commune
embellie’’.
Il
prit ma surprise pour une inquiétude.
― Ne
vous inquiétez pas, monsieur…
Il
chercha mon nom sur son document, le prononça à peu près
correctement et continua.
― Nous
travaillons avec plusieurs associations dont une, concrètement celle
de ‘’S. O. S. nos chiens, traitons les bien’’, a retrouvé
votre chien perdu…
Il
trouva le nom du chien sur le document, le prononça très
correctement et continua :
― Je
suis délégué pour vous faire signer ce formulaire après quoi vous
pouvez récupérer votre animal.
― Attendez,
attendez Monsieur …
― Dondo
Herzog de Salinas. ! Dondo Herzog de Salinas du service
communal, à votre service. Je vous expliquerai le procédé à
suivre.
Il
répéta mon nom sans le chercher sur sa page, toujours ouverte.
― Mais,
si vous m’invitiez à entrer je me sentirais mieux accueilli en
tant que représentant de l’administration de la ville. Merci.
Il
entra sans attendre mon invitation.
― Entrez
s’il vous plait ! Asseyez-vous !
Déjà
assis, il posa son dossier ouvert devant lui, à côté du manuscrit
sur lequel je travaillais : Vita cane !
―C’est
une vie de chien !
Dondo
Herzog de Salinas me montra la chaise en face de lui.
― Une
vie de chien que de s’occuper des dossiers des chiens perdus ou
abandonnés. Ceci ne s’adresse pas, seulement à vous.
Malheureusement, vous n’êtes pas le seul. Signez, ici s’il vous
plaît !
― Je
n’ai pas abandonné aucun chien, monsieur Dondo Herzog de Salinas.
Belle
reniflait les jambes de son pantalon.
― Belle,
laisse le monsieur tranquille. Ne renifle pas son pantalon. Un
pantalon, même bon marché, le long des jambes d’un représentant
du pouvoir local c’est un uniforme. Presque. Arrête, Belle !
Non Monsieur, je n’abandonne pas mes animaux et d’ailleurs …
L’homme
au pantalon d'une uniforme presque enleva ses lunettes de soleil de
marque et m’offrit la vue de son visage anobli par une expression
de tendresse maîtrisé pour ses administrés et luisant d’une
intelligence aigue entièrement mise à la disposition du supérieur
hiérarchique.
― Si
vous aviez lu ce document et puis si vous l’aviez signé, précédant
votre signature par ‘’lu et approuvé’’, comme je vous
invitais, vous auriez pu noter que cet acte ne parle que de ‘’ chien
perdu’’ et ne spécifie pas ‘’abandonné’’. Par contre,
votre conscience et vous, c’est quelque chose d’autre. Ceci ne
concerne pas l’administration qui régit la vie de la ville.
Signez, s’il vous plaît.
La
belle journée ensoleillée du mois de mai, frémissante du
printemps, sous les arbres vert intense, le long de notre rue était
toujours : une belle journée ensoleillée du mois de mai,
frémissante du printemps, sous les arbres vert intense, le long de
notre rue. Il y a une demi-heure j'avais le sentiment que la vie
était belle et agréable. Ce sentiment fut, maintenant mis sous
quelques conditions : signer cet acte, dire au revoir et fermer
la porte derrière le représentant d'une crotte enlevée
commune embellie.
Très officiel, très serein, incontestable il
me tendit son stylo. C'est ici, signez !
Alors,
j’ai signé. L’administration de notre belle ville a eu ce
qu’elle voulait : ma signature. Moi, j’ai eu un chien
retrouvé que je n’ai pas perdu. Je n’ai pas d’autres chiens
que Belle. Monsieur Dondo Herzog de Salinas me donna mon exemplaire
de ce document, plia et rangea avec soin le sien et il prit son
portable.
― Dondo
Herzog de Salinas, allez y. On peut venir !
Je
tentai encore une fois une explication désespérée marchant
derrière le représentant du pouvoir local. Dondo Herzog de Salinas
ne m’écoutait pas. Il ouvrit la porte et je vis un pompier entrer
portant une grande boîte. Belle accourut et renifla la boîte. Resté
seul, j’ouvris la boîte et je vis un chien, plutôt petit, plutôt
bâtard. Il ne bougeait pas. Je regardai la page que je venais de
signer. Mon nom, mon adresse, date du jour, le chien de race :
inconnu, trouvé sans vie dans la rue, le nom de ma rue, devant le
n°, le mien. Belle reniflait le petit chien mais, il ne bougeait
pas. Trouvé sans vie ne veut pas dire grande chose. Ça n'explique
même, pas s’il a faim ou pas ou soif. Je sorti la gamelle de
réserve de Belle et y mit une ration suffisante pour un chien de sa
taille. Avec ou sans vie la taille d'un chien vous dit combien il
peut manger. Plus au moins.
Belle
dressa ses oreilles et se dirigea vers la porte d’entrée de notre
appartement. Quelques instants plus tard quelqu’un sonna. L’homme,
que je vis en ouvrant la porte, tenait un dossier bleu entre ses
mains. Son regard se leva de la page gauche de son dossier ouvert et
se posa sur moi.
― Bonjour,
je suis Arnold Weiss Enger !
Il
prit ma surprise pour une inquiétude.
― Ne
vous inquiétez pas, monsieur…
Il
chercha mon nom sur son document, le prononça à peu près
correctement et continua.
― Nous
travaillons avec plusieurs associations dont une, concrètement celle
de ‘’S. O. S. nos chiens, traitons les bien’’, a retrouvé
votre chien perdu… Je suis délégué pour vous faire signer ce
formulaire après quoi je procéderai à la vaccination dudit chien.
Il
prononça son nom sans regarder son dossier.
― Attendez,
attendez Monsieur …
― Arnold
Weiss Enger. Je vous expliquerai le procédé à suivre. Il répéta
mon nom sans le chercher sur sa page, toujours ouverte.
― Mais
si vous m’invitiez à entrer, je me sentirais mieux accueilli en
tant que représentant de l’administration de la ville. Merci.
Il
entra sans attendre mon invitation.
― Entrez
s’il vous plait ! Asseyez-vous !
Déjà
assis, il posa son dossier ouvert devant lui, à côté du manuscrit,
sur lequel je travaillais : Vita cane !
― C’est
une vie de chien !
Arnold
Weiss Enger me montra la chaise en face de lui.
― Une
vie de chien que de s’occuper des dossiers des chiens perdus, et
abandonnés. Ceci ne s’adresse pas, seulement à vous.
Malheureusement, vous n’êtes pas le seul. Signez, ici s’il vous
plaît. !
― Je
n’ai pas abandonné mon chien, monsieur Arnold Weiss Enger, mais
avez-vous remarqué quelle belle journée ensoleillée du mois de
mai, frémissante du printemps, sous les arbres vert intense, le long
de notre rue nous avons ?
― Pardon ?
― Une
très belle journée, monsieur Arnold Weiss Enger. Où dois-je
signer ? Ne changeons rien, la vie est belle … Belle viens,
baisse ta culotte, c'est ton vaccin …
Arnold
Weiss Enger enleva ses lunettes de soleil de marque et m’offrit la
vue de son visage anobli par une expression de tendresse maîtrisée
pour ses administrés et luisant d’une intelligence aigue
entièrement mise à la disposition du supérieur hiérarchique.
Belle, sentant le danger se cacha dans la cuisine.
―Ne
vous inquiétez pas. Nous la remmènerons à la raison. Finalement
c’est pour son bien, et plus important encore : c’est
obligatoire ! J’ai signé pour elle, alors elle comprendra. Je
vous propose de commencer par le petit chien livré par vos services
à peine cinq minutes avant votre arrivée dans nos vies.
Son
instinct de chasseur des chiens de chasse et autres animaux
vaccinables, son seringue tel une lance dans sa main, il parti vers
la cuisine chercher les chiens. Un cri triomphant annonça que la
cible avait été atteinte. Le petit chien se débâtait mais
l’expérience d'Arnold Weiss Enger eu raison de lui. Les deux
chiens vaccinés le vétérinaire officielle communal m’adressa un
sourire signifiant un état de satisfaction presque charnelle.
― Venez,
je vais vous établir un certificat.
Il
sorti un formulaire, y entra religieusement quelques signes sacrés,
des mots, des chiffres et il le signa. Je vis le prix à payer. Ah
quand même !
― Monsieur
Arnold Weiss Enger, permettez-moi, s’il vous plait, une
observation. Vous m’avez compté deux vaccins, deux interventions.
― Absolument.
― Le
petit chien que vous voyez jouer avec l’autre, d’ailleurs ils
ont, tous les deux, l’aire d’avoir oublié leurs piqûres, vous
avez le geste léger, félicitations, ce petit chien, donc a été
trouvé sans vie d’après votre service. Alors ne croyez vous pas
que son vaccin devrait être gratuit ou plutôt qu'il n'aurait pas
du être fait?
― Absolument.
Puis-je voir le document ?
― Absolument.
Il
lit le document et à la fin il eut comme un sursaut.
― Ah !
C’est monsieur Dondo Herzog de Salinas, en personne, qui vous a
visité ? Je vous conseille de bien préserver ce
document. Il vous ouvre les droits à la gratuité pour toute
intervention vétérinaire, tout les médicaments et aux d’autres
produits de soins canin, à vie vue qu'il a été trouvé sans vie.
Officiellement!
Il
sortit un autre formulaire, le signa. Les mêmes donnés comme le
précédent mais je bénéficie, déjà de mes droits, donc je n'ai
que le vaccin pour Belle à payer.
Le
fonctionnaire est parti, Belle est son nouveau copain jouent à côté
de moi, Je peux continuer mon travail sur : ''Vita cane''.
Lève-toi
et marche
Je
marche. Je ne veux pas courir sinon ils verront que je marche.
Ce que je veux c’est qu’ils voient que je m’arrête. Que
j’abandonne.
Je
marche pour m'arrêter. Autrement ça ne marche pas. Je ne peux pas
m'arrêter si je le suis déjà. Il faut que je marche. Marcher et
non courir. Si je cours ils peuvent voir que je marche.... donc je
marche. Je crois que je suis élégant quand je marche. Je crois,
mais ne croyez pas que je marche pour ça. J'ai fait mon choix : je
marche pour m'arrêter ! Enfin pas seulement. Marcher c'est bon pour
la santé même si tu veux tout arrêter. C’est plus noble quitter
le tout en bonne santé. Ok, j'arrête !
Mais
ce n’est pas facile de s’arrêter. S’arrêter comme ça. Et
voilà, halte, je me suis arrêté !
Enfin,
si, c’est facile. Techniquement. Mais je veux qu’on voie, qu’on
se rende compte que je me suis arrêté. Je veux que les gens
s’arrêtent eux aussi, que les gens soient choqués, que tout le
monde arrête sa respiration. Que tout le monde me regarde ! En
silence, les yeux grand ouverts. D’abord, quelques larmes. En
silence. Puis quelques sanglots. Puis des voix effrayées. Puis à
genoux. Tous. Ou presque tous. Beaucoup. Enfin quelques-uns. Allez
quelques-uns ce n’est pas beaucoup. Cent, dix, cinq ? Sinon …
pourquoi ? Pourquoi j’ai marché Quatre ? Quatre ça fait deux
couples. Un ? Un comme un couple ou comme un un ?
Bon, bon.
J’accepte. Je l’accepte cet un. Je m’accepte et je suis à
genoux. Je pleure. Je sais pleurer fort. Pour deux. Je crie. Je peux
crier fort. Pour trois, voir pour quatre. !
―Écoutez
au moins !
Les
pas. Les pas en cadences différentes. Les pas, les pieds, les
chaussures. Les tallons hauts, les petites sandales, les tennis de
toutes tailles et couleurs. Les pas légers en 36 et les pas lourd en
chaussures sarcophages 46 et plus. D’origine noble comme Prada,
Gucci, Hugo boss et puis les modestes de halles aux chaussures.
Bizarre
cette perspective ! Les gens ne sont pas si grands que ça même si
je suis à genoux.
Je
pleure, mais je n’ose pas crier. Comme j’ai voulu faire, comme je
le disais. J’ai honte. Mais il le faut. Sinon je me suis arrêté
pourquoi faire? Comme ça : moi, simplement à genoux, personne ne
s’arrête, personne ne me regarde. Rien. Zéro. Nulla !
Allez
! J’y vais. Je pleure et je crie.
― Hé,
hé et mon cul c’est du poulet ?
Je
n’ai même pas vu l’homme qui m’a adressé ces paroles. Une
femme se penche et me regarde.
― Où
avez votre chapeau ? Enfin, ce n’est pas grave.
Elle
laisse une pièce devant moi et s’en va.
― T’as
pas honte ? Tu peux pas aller travailler comme tout le monde ?
Un
commerçant ne veut pas de moi, à genoux et en larmes. Les passants
passent.
Mais
ce n’est pas ça. Putain, mais que m’arrive-t-il ? Pas la peine
de rester comme un con ici. Faut que je me lève !
― Lève-toi
et marche !
― Mais
justement, j’allais le faire … et en plus ça me dit quelque
chose cette expression … attendez, attendez, ce n’est pas, mais
c’est, oh seigneur …
― Oui
?
― Je
disais que j’allais le faire et puis …
― Lève-toi
et marche !
Ce
n’est pas possible ! Tous ces gens s’en foutent de moi et le
voilà Lui. L’auteur de ce joli impératif : lève-toi et marche !
Je ne regarde plus. Les yeux fermés je me lève, je
nettoie un peu mon pantalon au niveau des genoux. Je me dresse, je me
retourne, je m’en vais. Ce n’est, peut être, pas poli de s’en
aller comme ça, sans dire un mot ? Sans merci. Mais … merci
pourquoi ? De m’avoir ordonné : lève toi et marche ! First of
all, je ne suis pas paralytique et si je me trouvais à genoux et si
pleurais c’était mon choix. Pour la dame rien à dire, la pièce
était bonne. Avec elle on peut s’acheter de la bière pour deux
bonnes, grammes par litre ou bien une assiette dans une auberge
fréquentée par les pauvres ou par les ouvriers. Mais ce n’est pas
la dame qui me suit maintenant. Ce ne sont pas ses pas que j’entends
dans mon dos. Ni le commerçant. En me voyant partir il est resté le
sourire aux lèvres.
Je
marche. Je marche sans me retourner. Je marche comme, au début,
comme quand je marchais pour m’arrêter. Je ne sais pas pourquoi
il, pardon, Il me suit, mais je n’aime pas. Et si je m’arrêtais
et si je lui disais, en me retournant, directement dans la barbe que
je ne crois pas, qu’il n’existe pas et que ça n’a pas de sens
de me suivre, ce n’est pas la peine de me suivre. Et puis,
finalement, il s’imagine quoi, celui là? Faut arrêter de se
prendre pour bon Dieu. Parfaitement ! Justement quand on l’est ! Et
qu’il n’espère pas m’entraîner dans une discussion
théologique… Rien à faire. Je le dis dès le début. Pas de
débat, ni debout ni à genoux. Ni assis. Assez !
Que
faire ? Accélérer et le semer ? Oui, tiens, marcher plus vite que …
et quoi encore ? Alors, ralentir ? Regarder un peu les vitrines,
faire style de s’intéresser pour les produits de beauté exposés
… C’est idiot mais je raccourcis mes pas et je Le sens à mes
côtés, à mon niveau. Tiens il n’est pas plus grand que moi. Bon,
c’est clair, il peut se donner la taille, la forme qu’il veut,
mais là, je suis content, en ce moment, où nous marchons ensemble
je fais pareil et si je marchais un peu plus sur mes pointes, je le
dépasserais. Bon Dieu, plus grand que bon Dieu !
Je
marche. Nous marchons ! Je préfère le dire comme ça, au pluriel,
vu que c’est avec Lui que je fais ce pluriel. Donc : nous marchons
! Mais sincèrement … si je pouvais continuer seul … Mais comment
faire ? Lui dire : ce fut un plaisir, à la prochaine alors, au
revoir, et s’en aller? Je ne peux pas faire ça. Et si seulement Il
me parlait. Non, Il ne dit rien, ne me regarde pas. C’est à qui de
lier la conversation entre un Dieu et un homme ? Nous marchons. Et
là, je vois un homme à genoux sur le trottoir. Il pleure. Il crie.
Comme moi tout à l’heure. Les gens passent. Quelqu’un lui dit de
dégager et d’aller bosser. Une femme lui donne un ticket
restaurant.
― Hé,
hé et mon cul c’est du poulet ? dit un homme en noir et s’éloigne.
Je
ne fais plus attention si l’Autre est à mes côtés. Je m’adresse
à l’homme à genoux.
― Lève-toi
et marche !
Il me regarde, surpris, mais ne dit rien.
― Lève-toi
et marche ! Ne me regarde pas comme ça. Je sais, je sais ça te dit
quelque chose. Ne cherche pas. Fais ce que je te dis, c’est tout.
Il se lève, nettoie un peu son pantalon à la hauteur des genoux, me
regarde. Sa voix est calme.
― On
y va ?
― On
y va !
Nous
marchons lentement. Il se retourne.
― Et
ton copain ?
― Qui
? Ah oui. Il a d’autre chose à faire.
Et puis il
n’existe pas.
Le retout des couilles
Dimanche dernier
tout a changé.
Normalement, jusqu'à
là personne ne me disait.
―Bonjour !
Normalement je ne
répondais pas.
― Bonjour!
Dimanche dernier
tout a changé. Comme avant personne ne me dit.
― Bonjour.
Mais,
là, ce dimanche personne n'avait plus de visage. C'était étrange
et c'était même rigolo. Oui,rigolo,mais moi-même ? Mon visage ?
Est-ce que, moi, le mien je l'avais toujours ?
Je
quitte la rue de l'église et aussi je quitte le pas calme et lent
d'un baladeur de dimanche .Je cours pour me voir dans la vitrine de
la boutique de mode.
Je ne sais pas si j'ai un visage. Dans la vitrine à ma place, à la place où mon reflet aurait dû apparaître un Totem !
Plutôt un vrai et non comme décoration.
Certainement un vrai. Une décoration dans une boutique de mode fermée depuis cinq ans n'a pas trop de sens.
Un vrai Totem non plus, mais un vrai c'est un vrai.
Je touche mon visage, mais je ne sens que de l'air et aussi, un peu comme du duvet, doux et chaud
Ni nez ni menton.
Attention ! Peut-être que le sang a disparu dans le Monde, aussi ! Pas de sang pas besoin du nez.
Sans sang on ne sent.
― Bonjour !
Quelqu'un passe à côté de moi et me dit:
― Bonjour !
Dommage, je ne saurai jamais qui c'était.
Il n'a pas de visage.
― Bonjour, bonjour !
Sans visage d'accord, mais il a osé me dire.
― Bonjour.
Je ne sais pas si j'ai un visage. Dans la vitrine à ma place, à la place où mon reflet aurait dû apparaître un Totem !
Plutôt un vrai et non comme décoration.
Certainement un vrai. Une décoration dans une boutique de mode fermée depuis cinq ans n'a pas trop de sens.
Un vrai Totem non plus, mais un vrai c'est un vrai.
Je touche mon visage, mais je ne sens que de l'air et aussi, un peu comme du duvet, doux et chaud
Ni nez ni menton.
Attention ! Peut-être que le sang a disparu dans le Monde, aussi ! Pas de sang pas besoin du nez.
Sans sang on ne sent.
― Bonjour !
Quelqu'un passe à côté de moi et me dit:
― Bonjour !
Dommage, je ne saurai jamais qui c'était.
Il n'a pas de visage.
― Bonjour, bonjour !
Sans visage d'accord, mais il a osé me dire.
― Bonjour.
Ce dimanche tout a changé.
Les visages ont disparus.
Pas de visage et, voilà, que les couilles annoncent leur existence. Sans visages on a plus de couilles pour dire :
Pas de visage et, voilà, que les couilles annoncent leur existence. Sans visages on a plus de couilles pour dire :
― Bonjour !
Osez
Je
suis comme tout le monde. Enfin pas du tout, mais cette histoire a
besoin de ce lieu commun donc : je suis comme tout le monde et
comme vous je connais la situation comme celle-ci : Vous
marchez. Vous êtes partis, disons chercher des nouilles, ou bien le
dernier roman de la rentrée. Je vous conseils ''Tueur en Mairie'',
mais bon, c’est mon avis, c’est mon roman aussi, mais vous faites
comme vous voulez.
Il
fait beau, vous avancez d’un pas élégant, souple, mais décidé
vers le centre-ville. La librairie ainsi que le marchand de quatre
saisons se trouvent dans le centre. Le bistrot ‘’Au bon coin’’
aussi. Ce bistro n’a rien à faire ici, mais il est dans le
centre-ville. J'en parle pour respecter cette évidence géographique.
Vous marchez, donc vers le centre-ville et tout d’un coup vous
voyez un visage qui passe à côté de vous. Bien sûr le visage est
porté par un corps se terminant par une tête dont, donc ce visage
fait partie intégrante. Le visage passe au rythme des pas imposés
par ce corps qui porte la tête et le visage qui nous intéresse, qui
nous surprend plutôt. Vous connaissez ce visage. Vous l’avez,
déjà vu. Plusieurs fois, même. Vous l’avez vu sourire, vous
l’avez entendu vous parler. Vous en êtes sûr, mais vous ne pouvez
pas dire de qui, il s’agit. Le nom de ce visage, du visage avec le
reste d’ailleurs, de la personne entière vous échappe. Vous ne
pouvez pas vous rappeler. Oh, je sais que vous connaissez l’effet
de ce manque, de cette impossibilité de mettre un nom sur un visage.
C’est insupportable. C’est une souffrance. Vous faites tout ce
que vous pouvez pour y arriver, pour vous rappeler, mais rien à
faire. Ca plante, ça coince, ça bloque quelque part. Vous voulez
penser à autre chose, vous ne voulez plus chercher, mais ça ne
marche pas. Vous ne pouvez pas vous débarrasser ni de ce visage,
qui traverse, déjà le passage piéton derrière vous ni de l’effort
que vous faites pour vous en rappeler. Vous vous dites : bah ça
va me revenir. Vous regardez les jupes des femmes se balancer autour
de leurs corps mais rien à faire, vous y revenez : mais qui
est-ce, mais comment s’appelle–t – il déjà ? Et que
faites-vous pour vous en sortir ? Rien ! Moi, c’est
pareil ! Rien ! Et pourtant, faut réagir ! Je l’ai
fait, j’ai réagi. Un jour ...
Je
marchais. Moi, c’était les nouilles, j'ai déjà le roman. Je l’ai
écrit. Bon, c’est tout. Et là, soudainement, tout d’un coup je
vois un visage que je connais. L’homme passa en parlant avec une
jeune et belle femme à ses côtés. Sa voix m’était familière,
elle aussi, mais je ne pouvais pas me rappeler ni de son nom ni d'où
je le connaissais. Je ne pouvais pas me souvenir. Et là, pour la
première fois je me suis dit : attends, tu vas pas, encore te
torturer en cherchant le nom de cet homme. Va et demande-le-lui !
Merde ! C'est la solution ! C’est simple. Il faudrait se
tourner, accélérer ses pas se rapprocher et poliment aborder la
personne :
― Bonjour !
Excusez-moi, je vous ai vu passer et comme je crois, comme je suis
certain, même de vous connaître mais votre nom m'échappait je me
suis permis …
Je
me suis retourné, j'ai accéléré mes pas, même que j’ai couru.
Une fois touché son épaule, une fois devant lui je me suis entendu
dire :
― Bonjour !
Excusez-moi, je vous ai vu passer et comme je crois, comme je suis
certain et là, tout d’un coup son nom m’est revenu et j’ai
continué comment allez-vous Monsieur Destouches ?
― Oh
bonjour, il sourit, merci et vous même ?
― Oh,
je vais bien, et votre épouse va-t- elle bien. Ma femme me dit
souvent : Oh ! Comme elle est charmante Elsa Destouches. Et
c'est vrai! Et votre fille Anne et sa petite chienne, sa petite
Rouspète ?
Oui,
je me suis entendu dire ça et j'aurais du dire ça mais je ne l'ai
pas fait. Je n'ai pas couru après lui, j'ai préféré continuer à
me tourmenter, en cherchant la réponse à la question : mais,
bon sang, qui était cet homme qui vient de passer là ?
Les
nouilles que j'ai achetés étaient d'assez modeste qualité, d'assez
modeste goût, mais nous en avons fait un repas agréable en famille.
Tout le monde était de bonnes humeurs. En cachette, ma fille a
donné une bonne partie de sa part à son chien qui les mangeait avec
beaucoup de plaisir et beaucoup de bruit sous la table de la salle à
manger que ma femme et moi, nous étions mis à une rude épreuve à
ne pas éclater de rire tout en faisant semblant de ne rien entendre
ni rien voir.
― Tiens,
Elsa Destouches a téléphoné. Elle m’a dit que son mari avait
rencontré quelqu’un qui te ressemblerait beaucoup. Aujourd’hui
même.
― Attends,
attends, je l’ai vu et même …
― D’accord,
ma femme ne m’écoutait pas, on peut voir des gens qui nous font
penser aux d'autres gens, mais je trouve que c'est très étrange de
voir quelqu’un qui te ressemblerait dans une ville si loin puisque
il téléphonait de Japon où il se trouve pour son voyage d'affaire…
Je
n'ai rien dit. Je me suis retourné vers notre fille :
― Anne,
va faire une promenade avec Rouspète.
La
petite chienne Shi-Tzu comprit et battait sa petite queue. Elle
ressemble, vraiment a un petit lion ce que Shi-Tzu veut dire en
japonais, en langue du pays de soleil levant .
Mohr
à Venise
L’homme
à l’entrée de l’exposition ‘’Dessins et gravures de
Rembrandt'' était grand et costaud. Je lui présentai ma carte
d’artiste. Il n’avait rien contre la gratuité d’entrée que
cette carte procurait à son titulaire. Mais un titulaire plus grand
et plus costaud que lui-même, réveillait quelques soupçons. Pas de
mèche pour être écrivain, les cheveux pas assez longs et décoiffés
pour un éventuel musicien, pas de barbe de peintre. Une moustache
seule ? Peut-être mais pas une, comme la mienne collée sur un
visage souriant entre deux épaules larges à une hauteur d’un
mètre quatre vingt quinze. Il n’aime pas. Il ne dit rien. Je
prends ma carte, passe à côté de lui :
― Merci
jeune homme.
Moins
grand et moins costaud mais plus âgé, il n’a pas aimé merci
jeune
homme,
non plus.
Je sentis son regard dans mon dos. Mon portable se mit à
sonner. Rondo
Veneziano
!
― C’est
interdit ! Vous devez sortir pour téléphoner !
Mon sourire s’élargit en sortant. Histoire de lui
dire que l'exercice de son pouvoir de gardien ne me gênait pas. Une
fois dehors je répondis.
― Allo,
oui ?
― Pronto,
pronto ! Aspeta un momentito …
Une
voix essayait de se faire entendre à travers des fritures, à
travers des bruits d’une rue, parasitée par mille étincelles
sonores, oscillant de crescendo jusqu’à se perdre presque
totalement. Finalement, le son s’éclaircit sur une ambiance vive
d’une ville. Les pas, les voix des passants et soudain, les
cloches d’une église. La voix devint claire.
― T’entends
les cloches ? Les cloches de St Marc ? C’est génial !
Non ?
― Ah,
oui, c’est phénoménal. Mais quelles cloches ? Quel St.
Marc ?
― St.
Marc sur la place du même nom et où veux-tu que ça soit sinon à
Venise ?
― Bien
sûr, suis-je bête, mais je ne vous savais pas là-bas et puis qui
êtes-vous ?
― Écoute,
bien, écoute maintenant !
Les
cloches sonnaient. Je les entendais clairement. J’imagine que la
femme a dû tendre son bras avec son téléphone portable vers le
campanile au-dessus de la place St. Marc à Venise. J’avoue,
j’étais impressionné.
―J’entends
très bien, c’est superbe, vraiment mais avec qui je parle, qui
êtes-vous.
― T’as
entendu ? Je coupe, je t’appelle plus tard encore, faut que je
recharge mon portable.
Je
remis le mien dans la poche de ma chemise. Mon copain, à l’entrée
prit une position centrale dans l’entrée. Il me barrait la route.
― Vous
n’allez tout de même pas me réclamer ma carte encore ? Je
viens d’entrer et de sortir pour téléphoner.
― Je me souviens
très bien de vous, de votre carte et de sa validité.
― Sa
validité ?
― Absolument ?
Sa validité ! Elle vous donne le droit d’une visite pour une
personne pour toutes les expositions de l’année courante. Une
visite, une ! Que vous venez d’effectuer, justement. Une
visite brève, il est vrai, mais c’était votre choix.
― Ce
n’est pas vrai. Je hallucine ! Vous n’allez pas me compter
ces quelques instants à peine comme une visite ?
― Si.
Ce fut une visite. Brève, il est vrai, mais le choix vous
appartenait: visiter ou téléphoner.
Je
me dirigeai vers lui décidé de le pousser à côté au prix d'un
bras cassé, s’il fallait. Le sien. Il fléchit un peu ses genoux,
prit la position d’un taureau décidé de déchiqueter en morceaux
le torchon rouge que je représentais pour lui désormais, même si
ce torchon lui était supérieur d’une vingtaine de kilos. La
situation sentait la poudre.
― Monsieur
est avec moi. Bonsoir.
Une
jeune femme, grande, brune, belle en robe blanche tenait une
invitation dans la main et la proposa. Le taureau la prit, l’examina
attentivement et ne pouvant pas cacher sa déception murmura :
― Invitation
pour deux personnes. Il hésita, un peu, puis il s’écarta.
― Venez,
me dit la femme.
― Merci,
merci … jeune homme. Mon sourire effleura le visage sombre du
taureau déçu.
― Merci
à vous, m’adressai-je à la dame en blanc, marchant à côté
d’elle.
Nous
entrions dans la première salle de l’exposition et elle baissa sa
voix.
― Je
vous en prie. Je n’ai rien contre que les mâles s’affrontent
mais pour les choses plus nobles.
― Renverser
une dictature …pour une femme ?
― Par
exemple, accepta-elle avec un sourire. Vous êtes Italien ?
Excusez-moi, mais j’étais derrière vous pendant que vous parliez
au téléphone et sans le vouloir j’ai entendu votre italien de
côté de Rome, je dirais.
― Mais,
je ne parle pas l’italien. Il est vrai que la personne à l’autre
bout du fils se trouvait en Italie, à Venise, mais nous parlions en
français.
― Italien,
italien, accent romain, mais bon c’est votre vie privée.
De
nouveau mon téléphone, mis en vibreur s’agita m’annonçant un
appel. Je le pris et répondis, tout bas.
― Oui
…
― Ciao,
passe-moi Saskia.
― Qui ?
― Saskia,
la fille à côté de toi, la fille en blanc. Avec le chapeau.
― Elle
n’a pas de chapeau.
― Faut
lui en acheter un. Pense-y ! Passe- la moi, maintenant, s’il
te plaît.
J''ai
voulu rire, demander qui il était ou simplement raccrocher, peut-
être. Mais non, je tendis ma main avec le téléphone à
la fille.
― C’est
pour vous.
La
fille prit le téléphone sans se montrer surprise. Son visage tourné
vers moi était, en partie caché par l'ombre de son chapeau. Non,
non, c'est vrai, elle n'avait pas de chapeau mais je l’imaginais
avec un. Elle était belle. Je l'entendus parler. Je ne
compris rien sauf qu’elle parlait hollandais. Elle me rendit le
portable.
― Vous
avez un bonjour de la part de van Koops.
― C'est
très gentil, merci, mais je ne sais pas qui est van Koops. Comme
l’italien je ne parle pas hollandais, non plus, alors je n’ai
rien compris.
― Si
vous n’avez rien compris c’est parce que vous étiez absent, et
non à cause d’un hollandais que nous ne parlions, d'ailleurs pas
mais le français. Regardez Alex ! Calmez-vous. Van Koops
m’a dit, bonjour à Alex Mohre. Regardez Alex !
Elle
me montra le dessin dans la vitrine, devant nous. Je le connaissais.
Un dessin de Rembrandt. Un paysage hollandais avec un couple d’amants
cachés, dissimulé dans les lignes et les ombres sous un énorme
chêne.
― Il
nous faudra faire comme eux. Se cacher pour téléphoner à cause de
votre jeune
homme
sévère à l’entrée, dit-elle voix de complice.
― Ne
vous faites pas de souci. Je connais un petit restaurant italien,
sympa et près d’ici, alors pour nous cacher, on pourrait ...
― Dommage.
― …
―Dommage
parce que ceci était possible : Ne
vous faites pas de soucis. Nous pourrons téléphoner en riant à
haute voix, danser et chanter en regardant les gondoles qui passent
en attendant les douze coups de minuit de St.Marc avant d’aller
rejoindre notre chambre chez Danieli.
Mon
portable vibra encore,
― Allo,
oui !
Trop
fort. J'ai répondu trop fort. J'ai encore eu le temps d'entendre les
cloches de St. Marc. Deux fois! Avant le troisième coup, le taureau
me l'arracha.
― Vous
ne respectez rien ! Je vous le rendrai votre portable à la
sortie.
A
la sortie le gardien me rendit mon téléphone.
― Sans
rancune ? Je ne fais que mon travail.
― Au
revoir, lui dis-je, comment vous appelez-vous ?
― Aldo.
― Au
revoir Aldo.
A
peine dans ma main le téléphone vibra. J'ai écouté le message.
J'ai raccroché.
― Saskia.
Une réservation a été effectuée pour nous. Ce n’est pas Danieli
mais c’est un hôtel non loin du Rialto.
―C’est
plus sage, dit la fille, c’est moins cher.
Notre
séjour à Venise dura une semaine. Ce fut la semaine la plus folle
de toutes les semaines de cette année, de toutes les semaines de
toutes mes années. Ce fut la semaine la plus longue de l'histoire de
Venise.
C'était
la semaine qui bouleversa le calendrier. Elle comptait plus de nuits
que de jours et les jours redoublaient leurs passages. Chaque matin
un nouveau chapeau pour Saskia l'attendait sur la table à côte de
sa tasse à café.
En
quittant notre hôtel pour prendre le vaporetto mon portable sonna.
Rondo
Veneziano.
― Oui,
allo. Merci …
Le
vaporetto démarra. Je tenais le portable au-dessus de ma tête.
― Saskia,
dis-je, c’est Aldo. Il nous transmet un bonjour de la part de Van
Koops et il nous souhaite un bon retour. Je lui fais entendre les
cloches. Elle sourit. Son regard suivit mon bras levé.
Ding
.... ding ....
Dessine-moi
un mouton
Ce
n'est pas ma faute d'appartenir à une génération passée d'une
génération perdue à une génération vendue. On dit, d'ailleurs
que toutes les générations l'étaient pourries; certaines
envoyaient les bandes armées se battre pour la tombe de quelqu'un
qui n'était pas vraiment mort. Certaines se sacrifiées pour une
société plus juste. La génération bourrée de lsd et d’autres
condiments de ce genre proposaient la happiness nommée ''peace and
love"!
Il était toujours assez facile d’influencer la foule, les
cons, les jeunes, tout ça mieux connus sous le nom : la génération!
Oui, mais nous ne sommes pas seulement influencés, nous sommes
vendus ! Nous c'est le pognon ! My kingdom for the
pognon! Le pognon macht's moeglich ! Moi avec du blé c'est
moi entouré de la meuf. De la blonde, de la rousse, de l'Arabe, de
black avec ou sans papier. Moi le connard sapé Cerruti, moi avec une
smart de frime devant chez moi, avec une Benz tous terrains dans le
garage ? Alors je bosse, je défends bec et ongles mes 15 minutes à
l’écran, ma redac, la croupe de ma secrétaire. Je bosse
pendant que mes intelos vomissent les red bulls et les scotchs-soda
de la nuit dernière. Tôt le matin je sors pour aller
travailler.
La
semaine dernière, tout les matins il y avait un mouflet qui
m’attendait devant chez moi avec toujours la même proposition
débile :
― Dessine-moi
un mouton !
Je
passais en vitesse, un sourire aux lèvres, une idée de gifle à
l'esprit.
Ce
matin, en sortant de ma maison j'ai vu le garçon avec un bloque sous
son bras. Ça y est, il va foncer vers moi avec son dessine
moi un mouton,
comme si les temps des petits princes n'étaient pas abandonnés
derrière nous, oubliés. Et puis non, Ce matin rien du tout. Le
garçon ne bougea pas, ne dit rien. Il me regardait indifférent.
Tant mieux, pas de sourire, pas de gifle, je n'ai pas à m'expliquer,
pas
maintenant, pas de temps, je te le ferai demain.
Je lui fit un signe amical en allant vers ma voiture et puis,
intrigué, je lui dis :
― Qu'est
ce que tu as dans ton bloc ? Des dessins ?
― Oui.
― Ce
sont tes dessins ?
― Oui.
― Je
peux voir ?
Il
me les montra et ce que j'ai vu me coupa le souffle. Ses dessins
étaient magnifiques, surprenants.
― C'est,
vraiment toi qui as fait ça' ?
― Oui,
bien sûr, dit-il et referma son bloc.
― Je
peux les voir, encore une fois ?
― Une
autre fois, on m'attend!
Il
sourit et partit.
― Attends,
attends !
Il
se retourna.
― Dessine-moi
un mouton !
Ya
des jours comme ça
Il
y a des jours comme ça. Il y a des jours quand je pense que c’est
mieux d’être où ce n’est pas vrai. C’est plus facile d’être
seul et triste dans une ville, dans une maison où tu n’es pas pour
de bon. Ce qui est con c’est que tu ne peux pas exprimer ta
satisfaction, le dire ouvertement, oh que je suis content d’être
où je ne suis pas, on se sent à l’aise, on est bien quand on
n’est point, ne trouvez-vous pas ? On te prendra pour un
imbécile ce qui est toujours désagréable même là-bas.
Je
ne sais pas si je me suis fait bien comprendre. Ne vous forcez pas
parce que quand on comprenait c’est encore plus dégelasse.
Une autre possibilité pour combattre les moments comme ça
consiste à éviter les jours comme ça, les jours avec le désir
d'être ou tu n'es pas vraiment. C’est facile à dire et pas facile
à faire car c’est têtu les jours. Ils sont connus sous leurs noms
respectifs lundi, mardi, il y en a sept et ils y tiennent
d’être ce qu’ils sont, lundi mardi, ils sont sept. Ce n’est
pas facile, voir c’est impossible à convaincre un lundi, que vous
voulez éviter de ne pas venir quand c’est son tour. C’est
pareil avec un mercredi ou n’importe quel autre jour de la semaine.
Ou du mois. Ils sont têtus. Et c’est comme ça depuis le moment où
on les a mit en fonction. Et ça date. On peut dire que c’est comme
ça depuis une belle lurette. La belle lurette n’est pas un moment,
une date et encore moins un moment historique. C’est une
expression.
Alors
pour les éviter, ces jours là il faut jouer avec le temps. Si, par
exemple je sens que le jeudi prochain sera un jour ou on dira il y a
des jours comme ça, je n’y vais pas. Je reste chez moi ou ailleurs
et je le laisse venir ce jeudi sens y aller. Je vous conseille
le même comportement. Ne dites pas : je suis resté dans
mercredi. Non ! Ils y iront vous chercher. Ne dites rien et
attendez que ce jeudi avec lequel vous n’avez pas de meilleurs
rapports se passe et qu’il passe. Après c’est du passé et le
passé est plus facile à maitriser que le présent. Le futur ne
pose pas de problème, je n'y crois pas. Et puis, quand il vient,
s'il vient on verra bien.
Il
y a aussi des jours où, dès le matin vous vous en foutez de ce
qu’il est ce jour, un lundi ou un vendredi, vous ne pensez ni être
où ce n’est pas vrai ni à vous cacher dans le temps, ou autre
chose. Pas du tout. Ce jour quelqu’un vous a parlé, quelqu'un a
prononcé votre nom :
― Bonjour
…. Albert, Alphonse, Bernard, Brient, Bosco, Carl, Charles, Diégo,
Donald, Marc, Malcolm, Pierre, Patrick …
Citta
aperta
A
mon arrivée sur un site de ce genre, j'ai eu de la malchance et les
premiers textes que j'ai lus étaient vraiment mauvais. Comment ça
mauvais? Et les notes alors, les 10/10, les 20/20, les
applaudissements, les larmes, les mercis etc. ?
Mauvais te dis-je, crottique !
Mauvais te dis-je, crottique !
Attends,
respire, fais le tour autour de la piste. Impressionne ! Fais
des connaissances. Musik bitte ! Slow. Fascination, par
exemple, mais jazzy. Dance with me baby ! Viens, dance avec moi.
Chich to chick !
Love
me tender ... write so sweet.
Chick
to chick, kif to kif?
Ouais
... kif me.
Every
body loves some boddy. Les lettres, des bons, des mauvais, les belles
phrases, tais-toi et dance …
Netlectura.
Netlectura,
Citta Aperta.
C'est
un peu comme dans un village. Un peu et beaucoup.
Comme dans une ville. The streets. La strada ! Ultima ! The blues. Les rues, les amours. Les balcons dans les cours. Oh Romeo? Pourquoi es-tu Romeo. Copulons Capuleti ! Comment ça Cassouleti ? Tu te prends pour qui?
Comme dans une ville. The streets. La strada ! Ultima ! The blues. Les rues, les amours. Les balcons dans les cours. Oh Romeo? Pourquoi es-tu Romeo. Copulons Capuleti ! Comment ça Cassouleti ? Tu te prends pour qui?
Montrez
quoi ?
Montrez
qui ?
Ah,
monter, ok ! Ok mais monter quand ? Trop tard, les rosignols
s’annonce.
Una
citta aperta Les rues avec des chiens, avec des gens qui promènent
les chiens qui laissent des crottes. Les crottes, donc laissées par
les chiens dans les rues fréquentées par les gens qui promènent
les chiens qui laissent ... bon, ok, ok...
Dans
notre village, dans notre ville il y a des rues propres. Pas de
crottes, pas de chiens. Les trottoirs sont bien là, mais personne ne
fait de trottoir, pas de putes, pas de gens qui peuvent aller aux
putes, donc, personne ne cherche des putes, pas de pas des gens qui
promènent leurs chiens ou leurs femmes.
Il y a un pont par là? Et un virage ? Sinon, ça ne va pas. Les
putane se trovano dove la curva. Ecco. Pour le pont, sais pas, peut
être mais alors ce sont des pontane.
La ville sans crottes est-elle une
vraie ville ? La vie dans une ville sans putes a-t-elle le droit
d'être vécue ? Les femmes promenées par leurs hommes avec ou sans
chiens diront : oui ! Oui mais ce ne sont pas elles qui vont aux
putes … quoique.
Les crottes sont gardées, sous vos
applaudissements. Vos textes, les crottes. Sous vos applaudissements.
Aussi sans. Il y a des puissants qui pensent être puissant sous vos
applaudissements. Entre deux standings ovations ils vous disent
''couché'' si tu touches une crotte qui leur est chère. Chère sous
vos applaudissements. Les chiens qui passent à la laisse ne se
couchent pas. Ils savent. On s'adresse à toi, toi qui parles de la
médiocrité à travers son applaudissement à lui ? Et ta sœur ? La
première pute des rues sans putes. Médiocre !!
On trouve des bons, très bons
textes. Sans vos applaudissements. En silence. Dans les rues
abandonnées. Les auteurs suicidés ou assassinés hantent nos
esprits.
― La ferme !! Bon débarras !! Et
quoi encore ?
Pane et circenes !
Le quartier résidentiel réservé
pour les membres du cercle des poètes recyclés vit une très belle
vie dans le calme et le respect réciproque. Le gazon tondu autour.
Les chants des coqs et des troubadours. L'alexandrin et la prothèse.
Vers et verre.
Il y a de touristes qui passent,
tentent une gloire artistique et partent laissant leurs textes
encrottés et les racontent ailleurs dans un cyber bistrot.
Il y a des trimestres, des
trimestriels, des ménestrels, des stèles et des mines. Il a des
listes 10/10/10/10/10/10. Les décades. Il y a des mots. On lit. On
écrit. On s'amuse. On l'appelle. Elle fait la gueule, la Muse. Et
puis elle couche avec un de nous. Il y a des jaloux. Mais on reste,
on est des copains, des amis ... Tu parles, on n'est rien mais
condamnés d'être ensemble, on ne peut pas autrement. Enfin si.
Il y a une sortie. Tu sors. Il fait
froid dehors.
Mark Levy et les best Sellers
rigolent.
― Ca va le libre ?
― Ben …
― Bien sûr, bien sûr …
Linguistique
Je ne sais pas pourquoi je cherche un
soutien, pourquoi je me
sauve dans les pensées formées dans une autre langue,
avec des mots d’une langue que je connais pourtant, moins bien que, ma propre langue.Je n’ai jamais voulu chercher les origines et les raisons de ce comportement enfoui dans un coin de mon
subconscient.
sauve dans les pensées formées dans une autre langue,
avec des mots d’une langue que je connais pourtant, moins bien que, ma propre langue.Je n’ai jamais voulu chercher les origines et les raisons de ce comportement enfoui dans un coin de mon
subconscient.
Depuis la découverte de l’existence
d’autres possibilités de
s’exprimer qu’en sa langue maternelle, je fais cette escapade, et ce, dès qu’une situation m’effraie, me trouble ou m’excite un peu plus. Il m’arrive, quelquefois, d’y aller juste pour donner un peu plus d’importance à une soirée en famille ou d’éviter de m’endormir lors d’une discussion intellectuelle, fort appréciable mais longue. Je sais que certains de mon entourage pensent et disent que je ne fais que mon intéressant, mais c’est faux. La fuite, le plus fréquemment se faisait, lors de ma scolarisation, vers l’anglais, probablement à cause de l’influence des filmes avec Marilyne Monroe.
s’exprimer qu’en sa langue maternelle, je fais cette escapade, et ce, dès qu’une situation m’effraie, me trouble ou m’excite un peu plus. Il m’arrive, quelquefois, d’y aller juste pour donner un peu plus d’importance à une soirée en famille ou d’éviter de m’endormir lors d’une discussion intellectuelle, fort appréciable mais longue. Je sais que certains de mon entourage pensent et disent que je ne fais que mon intéressant, mais c’est faux. La fuite, le plus fréquemment se faisait, lors de ma scolarisation, vers l’anglais, probablement à cause de l’influence des filmes avec Marilyne Monroe.
Ayant été assez timide, dès que je
me trouvais en présence des filles, surtout en présence de celles
qui me plaisaient, autant dire toutes je partais dans toutes,
je partais dans :
je partais dans :
― Ah du liebe Zeit, was soll der
Teufel !
Bien sûr que c’est de l’allemand,
mais à l’époque, je connaissais mal l’anglais alors, je le
faisais par un relais, par l’allemand que je traduisais après, à
l’aide de mes ''Essentially English ''.
Et c’est ainsi que, ma vocation est
née. Les langues, la traduction, l’écriture. Construire des ponts
! C’était comme ceci que je sentais la traduction. Du plus loin
que, l’on remonte dans l’histoire, la traduction, sève
nourricière des langues et des cultures, existe. On a toujours eu
besoin de courroies de transmission entre les peuples de langues et
de cultures différentes. La traduction n’est pas seulement le
passage d’une langue à une autre pour en assurer la
compréhension, c’est aussi une œuvre de civilisation et de
progrès. Sans la traduction des œuvres grecques, indiennes et
persanes, la civilisation musulmane n’aurait pas pris son essor, et
sans les traductions des œuvres arabes en latin, puis dans les
langues européennes, la révolution scientifique et technologique du
monde moderne n’aurait pas eu lieu. Aujourd’hui, on traduit
non seulement les livres mais aussi les films et les séries
américaines. La langue n’est plus un frein, on peut communiquer
librement, échanger des connaissances, établir des contacts…
Naturellement, on ne peut pas parler
toutes les langues mais on peut, on doit les considérer comme
des êtres vivants.Les langues naissent, grandissent, se développent,
mais elles peuvent mourir aussi. Elles peuvent s’éteindre, même
si le peuple dont,elles furent la langue maternelle, ne
disparaît pas.
Il y a quelques semaines, lors d’un
voyage d’étude en Russie, j’ai été invité à tenir une
conférence sur le thème ‘’L’intercompréhension entre les
langues de même origine’’, dans un petit village de l’Oural..
J’ai été surpris que le Ministère de la Culture Russe
organise le voyage d’une vingtaine de linguistes spécialisés du
Monde entier dans un village de soixante-six habitants et si loin,
de Moscou. On m’a donné une explication surprenante. La langue parlée dans ce village officiel était, bien sûr, le russe mais entre eux, les villageois utilisaient une autre langue dont, les origines ne
pouvaient pas être établies. Il ne s’agissait pas d’une ethnie, les
gens de ce village étaient d”origines différentes.
organise le voyage d’une vingtaine de linguistes spécialisés du
Monde entier dans un village de soixante-six habitants et si loin,
de Moscou. On m’a donné une explication surprenante. La langue parlée dans ce village officiel était, bien sûr, le russe mais entre eux, les villageois utilisaient une autre langue dont, les origines ne
pouvaient pas être établies. Il ne s’agissait pas d’une ethnie, les
gens de ce village étaient d”origines différentes.
Comment est née cette langue. D’où
vient - elle ?
Le village, Stepkowo était accroché
telle une grappe de
raisin, autour d’une source d’eau jaillissant d’une falaise et
déversant des tourbillons de gouttes et d ’écume qui formaient,
quelques dizaines de mètres plus bas, un courant sauvage, et plus
loin, encore, une petite rivière Mlavaya. Toutes les maisons étaient entourées de jardins, bien entretenus, avec beaucoup de fleurs mais je n’ai pas vu d’animaux comme on voit, dans tous les villages. Même pas de chiens.
raisin, autour d’une source d’eau jaillissant d’une falaise et
déversant des tourbillons de gouttes et d ’écume qui formaient,
quelques dizaines de mètres plus bas, un courant sauvage, et plus
loin, encore, une petite rivière Mlavaya. Toutes les maisons étaient entourées de jardins, bien entretenus, avec beaucoup de fleurs mais je n’ai pas vu d’animaux comme on voit, dans tous les villages. Même pas de chiens.
En entrant dans la salle préparée
pour ma conférence, le
Président de l’Institut des Études des Langues rares, me prit par le bras et me dit de ne pas m’étonner de l’absence des traducteurs.
Président de l’Institut des Études des Langues rares, me prit par le bras et me dit de ne pas m’étonner de l’absence des traducteurs.
―Ne vous posez pas de question.
Exprimez - vous en français ou en une autre langue, de votre choix.
Vous serez compris.
Je n’ai rien dit, je n’ai rien compris. Sommes-nous en présence de
soixante-six polyglottes ? Dans un pays grand comme la Russie, on peut facilement en trouver autant et beaucoup plus encore, mais quel serait le but de vouloir nous emmener jusqu’ici pour nous les montrer ? De toute façon, je m’exprimerai en français comme je l’avais prévu. Ce que j’ai fait. Ce que j’ai fait, au départ, tout au moins. L’intérêt et les réactions spontanés des auditeurs, les murmures, les rires soutenus, les applaudissements m’encouragèrent et je passai brutalement à l’anglais, puis je revins vers le français. Quelques phrases plus loin, ce fut l’allemand. Rien ne changea. Les même regards attentifs, les mêmes sourires, quand il fallut, les mêmes visages des gens qui vous écoutent et qui apprécient vos propos. J’ai osé quelques dialectes que seulement peu d’experts peuvent comprendre. Le langage des descendants de tribus
slaves isolés dans deux villages des montagnes Apennins en Italie et romanisés depuis longtemps. J’ai osé quelques histoires très érotiques des Chergars, j’ai lancé des mots et des commandes hurlées d’un bout à l’autre d’un radeau par les rameurs sur la sauvage Drina, la rivière entre la Bosnie et la Serbie. Les gens de ce village me suivaient sans problèmes. Ils me comprenaient. Le dernier doute s’envola, après la conférence, quand ils vinrent vers moi me féliciter, me remercier et me poser des questions. J’étais content d’avoir réveillé un tel intérêt pour ma thèse et j’étais surpris par leur connaissance du français. Voronin, le Directeur de l’Institut me dit :
Je n’ai rien dit, je n’ai rien compris. Sommes-nous en présence de
soixante-six polyglottes ? Dans un pays grand comme la Russie, on peut facilement en trouver autant et beaucoup plus encore, mais quel serait le but de vouloir nous emmener jusqu’ici pour nous les montrer ? De toute façon, je m’exprimerai en français comme je l’avais prévu. Ce que j’ai fait. Ce que j’ai fait, au départ, tout au moins. L’intérêt et les réactions spontanés des auditeurs, les murmures, les rires soutenus, les applaudissements m’encouragèrent et je passai brutalement à l’anglais, puis je revins vers le français. Quelques phrases plus loin, ce fut l’allemand. Rien ne changea. Les même regards attentifs, les mêmes sourires, quand il fallut, les mêmes visages des gens qui vous écoutent et qui apprécient vos propos. J’ai osé quelques dialectes que seulement peu d’experts peuvent comprendre. Le langage des descendants de tribus
slaves isolés dans deux villages des montagnes Apennins en Italie et romanisés depuis longtemps. J’ai osé quelques histoires très érotiques des Chergars, j’ai lancé des mots et des commandes hurlées d’un bout à l’autre d’un radeau par les rameurs sur la sauvage Drina, la rivière entre la Bosnie et la Serbie. Les gens de ce village me suivaient sans problèmes. Ils me comprenaient. Le dernier doute s’envola, après la conférence, quand ils vinrent vers moi me féliciter, me remercier et me poser des questions. J’étais content d’avoir réveillé un tel intérêt pour ma thèse et j’étais surpris par leur connaissance du français. Voronin, le Directeur de l’Institut me dit :
― Non, ils ne parlent pas français.
Ils s’expriment en sagovor, leur langue locale mais vous l'entendez
et vous le comprenez comme le français! Parlez-leur en allemand, en
anglais ou toute autre langue … et vous verrez. En effet, j’ai
fait l’expérience et ils me répondaient en … ils me
répondaient en sagovor mais je les comprenais en français, en
allemand ou en une autre langue, avec laquelle la question, la
conversation fut commencée. J’ai proposé d’acheter, d’emporter
une documentation, les livres, tout ce qui est nécessaire pour
apprendre cette langue sagovor. Voronin sourit et me dit :
― Il n’y a pas de problème, vous
les aurez, mais ce ne sera qu’un cadeau, un cadeau-souvenir, vous
n’en aurez pas besoin. Vous la parlez, vous la connaissez et vous
la maîtrisez déjà, la langue de sagovor. Venir ici était
suffisant.
― Tout le monde, chaque personne,
qui vient dans ce village, l’apprend par sa simple présence
ici même ?
― Oui, nous n’avons pu
expliquer ce phénomène, mais c’est un fait. On ne sait rien
d’autre. Enfin, si, les habitants du village déconseillent
l’écriture en sagovor. Ceci pourrait avoir des conséquences
imprévisibles.
Dès mon retour en France , je fus
pris dans un tourbillon de
conférences, d’ invitations à différents colloques, à des mariages et des anniversaires et je n’ai donc même pas eu le temps de réfléchir à mon étrange séjour, dans ce village de Stepkovo, pour analyser cette mystérieuse langue de sagovor. Finalement, je me suis donné quelques jours de vacances. La campagne. Les promenades avec mes chiens le long de la rivière. Le jardin. Je revivais. Et puis, je revivais, dans mes pensées, ce voyage en Russie. Pourquoi serait - il déconseillé d’écrire en sagovor ? La meilleure réponse ne serait - elle pas de le faire ? Écrire en sagovor ! Oui, mais comment écrit on en sagovor ? Décrire un événement ou un moment vécu dans ce village, dans Stepkovo en n'importe quelle langue que vous connaissez serait écrire en sagovor, m'avait dit Voronin, Alors je me suis mis à écrire, à décrire mon séjour dans ce village. Tout en écrivant j'ai entendu quelqu'un parler dans mon jardin. Ma maison est assez isolée et je n'attendait aucun visiteur. Le facteur était déjà passé. Il ne peux avoir personne dehors et pourtant j’entendais clairement les voix, plusieurs voix même. Intrigué, je sortis.
conférences, d’ invitations à différents colloques, à des mariages et des anniversaires et je n’ai donc même pas eu le temps de réfléchir à mon étrange séjour, dans ce village de Stepkovo, pour analyser cette mystérieuse langue de sagovor. Finalement, je me suis donné quelques jours de vacances. La campagne. Les promenades avec mes chiens le long de la rivière. Le jardin. Je revivais. Et puis, je revivais, dans mes pensées, ce voyage en Russie. Pourquoi serait - il déconseillé d’écrire en sagovor ? La meilleure réponse ne serait - elle pas de le faire ? Écrire en sagovor ! Oui, mais comment écrit on en sagovor ? Décrire un événement ou un moment vécu dans ce village, dans Stepkovo en n'importe quelle langue que vous connaissez serait écrire en sagovor, m'avait dit Voronin, Alors je me suis mis à écrire, à décrire mon séjour dans ce village. Tout en écrivant j'ai entendu quelqu'un parler dans mon jardin. Ma maison est assez isolée et je n'attendait aucun visiteur. Le facteur était déjà passé. Il ne peux avoir personne dehors et pourtant j’entendais clairement les voix, plusieurs voix même. Intrigué, je sortis.
― Tiens, le voilà, tu peux lui
poser la question toi-même.
― Oui, c’est ça, il connaît
la réponse parce qu’il est humain ? Ou parce que c’est
ton maître?
Mes deux chiens, face à face,
se disputaient. Un peu plus loin Socquette mon chat parlait au chat
du voisin.
― Les chiens, ça ne changera
jamais. Ils se disputent parce qu’il ne sont pas d’accord, s’il
y avait d’abord la poule ou s’il y avait d’abord l’œuf, tu
te rends compte ?
― On est plus calme en hiver. En
Afrique, personne ne parle que du soleil, dit l’hirondelle en
s’envolant du garage.s’envolant du garage.
― Ils n’ont qu’à demander à
la Sandra , elle devrait le savoir.
―Sandra, c’est une poule et elle
a une cervelle de poule, alors …
Je ne bougeais pas, je regardais
autour de moi. Le bruit devenait de plus en plus fort. Les voix se
mélangeaient, tout le monde parlait en même temps.
Nègre
Vero me regardait comme d'habitude,
avec inquiétude.
― Al ! Si tu continues de
t'exciter comme cela on n'arrivera à rien.
― Sinon on arrivera à quoi ?
A écrire des nouvelles, un roman que les éditeurs s'arracheraient ?
― Peut-être que non, peut-être
que oui, mais si on ne fout rien certainement pas.
― T'as une idée, toi ? Une
idée pour nous sortir de l'anonymat ? On court tout nus à
travers Paris et on distribue nos dédicaces à gauche et à
droite. ? Le veau d'or …
―Tiens, pas mal ça !
― Pas mal ? Tout nus ?
Jamais …
― Mais non, mais non, le veau d'or
... et si on se donnait un pseudo Alf et Verov ?
― J'arrêtai mes cent pas nerveux,
je la regardai :
― Alf et Verov ? Tu fais
allusion aux auteurs russes Ilf et Petrov ? C'est génial mais
c'est n'importe quoi. On te prend, déjà, pour mon nègre,
alors si on se déclare deux …
― Alors, que je ne suis que ta
négresse-tigresse.
Elle fit le geste d'une attaque féline de ses deux bras dressés vers moi. C'est un de ses jeux de séduction.
Elle fit le geste d'une attaque féline de ses deux bras dressés vers moi. C'est un de ses jeux de séduction.
― Tu me voulais calme ? Je
veux bien essayer, mais alors ne me propose ce genre de solutions.
Promis ! Promis juré, je ne te
présenterai aucune proposition plus, mais que ne compte pas sur moi
pour te faire tes corrections, non plus. Pas de corrections alors
personne ne poura dire que je suis ton nègre, ta Petrova, ta Verova.
Rien, je ne fous plusrien pour toi. Cherche-toi un autre, une autre
pour te les corriger tes manuscrits, cherche-oi un autre nègre ou
mieux encore va devenir nègre de quelqu'un, moi j’arrêt et si tu
veux savoir …
Non, je n'ai pas voulu savoir. Je ne
pus entendre la suite, je suis sorti claquant la porte derrière moi.
Je ne voulais pas entendre la fin, je la connaissais. Je courus vers
la voiture.
Je roulais sans savoir où j'allais,
sans vouloir savoir ou j'allais. Je roulais au hasard. Au hasard des
feus verts, au hasard de la circulation. Je roulais longtemps. Très
longtemps.
Finalement, après des heures, après
des jours, peut être, je ne saurai pas le dire sauf que je n'ai pas
vu les nuits tomber ni les jours se lever, fatigué, épuisé même,
je me suis arrêté dans une rue calme. Il n'y avait pas de voiture.
Il n'y avait personne. J'ai quitté ma voiture et je marchais. L'air
frais d'une soirée agréable me faisait du bien. Je marchais et
marchais. Longtemps, très longtemps. Je n'ai vu que quelques
personnes passer au loin ou de l'autre côté de la rue. La légère
brise qui me venait à l'encontre sentait la montagne, les vacances,
l'enfance.
Un chien sortit d'une cour et
s'avança vers moi. Il sautillait devant moi de gauche à droite et
de droite à gauche ce qui en langue des chiens veut dire viens jouer
avec moi. Acceptant je bougeais mes bras autours de sa tête. Il se
mis à aboyer et moi à rire. Un homme vint vers nous et appela le
chien. Le chien ne se tourna même pas vers son maître. Celui-ci se
mit à rire et me dit :
― Écoutez, comme il voudra plus
quitter son nouveau copain, vous, le mieux serait d'entrer dans la
maison, il vous suivra et après …
Il me parlait en anglais. Je fus, un
peu, surpris, mais je me dirigeai vers l'entrée de la maison.
Pourquoi me parlait-il en anglais? Peut-être que parce qu'il l'est.
Il y a, même, des Roms dans notre ville. J'ai joué, encore un peu,
avec le chien dans l'entrée de la maison et puis je voulus partir.
―Voilà, le petit chien est chez
lui, maintenant je peux m'en aller. Au revoir.
Je parlais anglais, moi aussi. Je
connais assez bien cette langue mais mon accent laisse à désirer.
Pourtant, l'homme, assez bizarrement habillé, d'ailleurs, me
comprit. Plus que ça, il m'invita à rester un peu et boire un verre
avec lui. Pourquoi pas, cette rencontre commençait à m'amuser.
L'homme avait des cheveux longs, une barbe. Sa maison n'avait pas
d'électricité. Peu importe, moi, aussi, j'ai connu des moments
difficiles avec mes factures. Je pris le verre qu'il me tendait.
Whisky. Un bon. Très bon. Un deuxième verre. Le troisième, nous
l'avons pris assis dans son bureau. Etrange son bureau, plutôt
rustique, mais je le trouvais beau. Il y avait des feuilles et des
feuilles de papiers partout. Sur son bureau, sur les étagères en
bois allant jusqu'au plafond, en bois celui-là aussi, Même les
chaises étaient recouvertes de feuilles de papier, de feuilles de
textes, de manuscrits dans le sans littéraire du mot. Mon hôte
était assez bavard, il me parlait de ses hobbys, le théâtre en
première ligne si j'ai bien compris. Verre après verre on se
confiait et même, qu'on a connu des moment forts et que nous nous
sommes mis à chialer d'émotion quand on a constaté que l'écriture
était ce qu'on aimait le plus. Le petit chien dormait quand on a
ouvert une deuxième bouteille, non, non, il s'est endormi seulement
à l'ouverture de la troisième. Le mec m'a dit son nom, mais trop
compliqué. Quand il me proposa de nous tutoyer, j'ai accepté, ça
va de soi, mais, putain, comment on se tutoie en anglais. Peu
importe, j'ai compris : c'était du vieux anglais. Tant mieux
j'ignorais que je pouvait le comprendre.
― Je peux voir ce que tu écris,
Chakey ?
Il a failli tomber en se tournant et
faisant le geste : tout ça
― Non ?
― Yes, yes, vas voir un peu,
tiens prends ton verre ?
Je regardai et je feuilletais ces tas
de papiers. Tout d'un coup je redevins sobre. Je me sentis rougir, je
me sentis pâlir. Je tenais les manuscrits de : ''Henry VI'', ''
Richard II '' , celui de '' La comédie des erreurs''. Je tenais les
manuscrits de '' Titus Andronicus'', de ''La Mègere apprivoisée''.
Quelques feuilles me glissèrent entre les doigts tremblants et
tombèrent au sol. Je les ramassai et en les montrant je lui dis:
― Attends ? Attends ? Tu
fais une collection d’œuvres de qui tu sais en manuscrit, tu les
collectionnes, t'es collectionneur,c'est ta pation,c'est ça ?
― De quoi tu parles ? Quoi de
qui je sais ? J'écris pour the Royal Theatre et tu y trouveras
les pièces pas encore jouées ?
― Attends,
comment as-tu ... comment avez-vous dit que c'était votre nom.
Il
était mort de rire, mais il le dit. Je suis resté assis, sans
bouger pendant un long moment. Puis je continuai à chercher parmi
ses papiers. Il me versa, encore, un verre.
―Tiens,
prends ton verre, mais tu cherches quoi, Al ?
Je
lui dis le titre. Il se tut. Je me suis mis à lui parler de
l'histoire de cette pièce. Il a trop bu, le titre ne lui dit rien,
pensais-je.
― Ah,
non, je n'ai pas ça, je n'ai pas écrit une histoire comme ça mais
c'est intéressant. Une belle histoire d'amour. Viens, mets-toi ici
et écris-moi ça. Tiens, ton verre.
Je
me suis mis à table et une plume, une vraie, à la main j'écrivais.
Il regardait et, de temps en temps il me tapa sur l'épaule, signe
qu'il aimait. Je ne sais pas combien de temps j'ai mis, mais je l'ai
fait. En quittant la maison et laissant le manuscrit que je venait de
terminer, le manuscrit de ''Romeo et Juliette'' sur son bureau,
Chaqespeare dormait et ronflait.
Ose-moi
Je t'offre ce matin habillé en rêve
Je déchire, m'oublie dans ce moment, porté par le tourbillon de tes désirs
Je vole vers nos halètements bestiaux
C'est en entrant dans ce matin d'une couleur plus belle que toutes les prières
Que tu te dénudes, que tu me forces, que tu m'affoles de tes obsessions de moi
Si je nage, si je me noie si je viole tes pensées
C'est pour me sentir maître de ton corps
C'est pour t'obéir en esclave puissant
J'obéis à ta paralysie d'interdit exigeante, j'épouse tes fantasmes, je t'invente, je touche ta bouche
Est-ce ta voix ou ma folie?
Ose !
Tu palpites, tu m'invites, tu es ivre, tes yeux me prient : ordonne !
Ouvre tes lèvres, ferme tes yeux !
Ton envie de fuir m'enivre, je l'étouffe dans ta gorge
Mes doigts dans tes cheveux te limitent
Je te lâche : reviens !
Tu m'acceptes profond
Tes lèvres sur mes veines entendent le sang vibrer
Tu voyages
La terre n'est plus là où je suis
J'entends le monde s'effondrer
Je me sens m'effondrer
Ose !
Tes ongles tracent mes cuisses
Je te colle contre mon ventre
Tu m'arraches les vagues chaudes de moi
J'explose dans ta soumission
J'envahis ta bouche
Reste
Ne me libère pas
Monte ton regard
Attendons le retour del primo matino del Mondo
Tu
veux ma photo ?
Je
n'ai jamais voulu mourir.
Ne
me dites pas, s'il vous plaît, mais personne ne veut mourir.
First
of all, votre opinion on peut s'en passer, on s'en tape.
Et puis, je vous en prie, personne ne boit comme moi. Si personne ne
veut mourir c'est qu'ils ont peur de boire. Et de mourir.
Je
n'ai jamais refusé un verre. Je n'ai jamais eu peur de boire.
Je
n'ai jamais voulu mourir.
Je
ne suis l'ami de personne, membre d'aucun groupe, d'aucune secte,
d'aucun gang, d'aucune réunion de rebelles, de pseudo-rebelle.
Je
n'ai jamais joué au foot. Si, une fois mais j'étais bourré.
Je
me suis vu dans un miroir. Dans les toilettes du tabac en face de la
Gare du Nord.
Je
me suis vu dans le miroir.
―Tu
veux ma photo ?
Il
disait rien. Je lui ai hurlé, encore la même chose dans la gueule,
puis je lui ai craché dessus. Il s'est retourné et il est parti.
Je
me suis vu dans le miroir.
―C'est
ça, dégage connard! Va-t-en ! Tu crois que ton sourire m'attriste?
Que je vais chialer à cause d'un peu de crachat sur ta sale gueule
de minable de merde, tais-toi, tais-toi …
C'est
là où j'ai voulu être un peu mort, mais sans plus vu que je
l'étais, déjà, peut-être.
The
target
― Frenchy, ouvre
ton enveloppe.
La même voix comme d'hab.― Done.
― Tu vois ton chèque signé? Ton prix sera le nôtre.
― Pas de photo, pas de nom ! Sur qui est le contrat ?
― Sur le responsable de tous les malheurs dans le monde, sur le responsable du Monde, tout court.
― A Manhattan ? Et comment je le verrai ? C'est pas sérieux. J' y crois pas !
― Au contraire il faut croire ! Si tu crois, tu le verras. Ne réfléchis pas trop. Just do it !
On raccrocha.
Il est cinq heures. Tôt le matin, on ne voit pas bien. Et la lumière fut. Je L'ai vu.
Au coin de la Columbus avenue et W 96th street. devant Joy's bar. Il se retourna et puis, il disparut! Disparut de ma vue, sinon il ne peut pas disparaître. Vu qu’Il est éternel. Et c'était à moi, maintenant, de couper l'éternité! Un petit coup pour un homme et un immense coup pour l'humanité. Chez Joy's ? Dès que j’ai franchi la porte, je l’ai vu. Il était le seul client . Mais ce n’était pas Lui.
― Bonjour ! L’avez-vous vu ?
Ma question s’adressait en même temps au barman et au client. Ils se taisaient, tous les deux. Indépendamment, mais dans un silence commun.
― Bon Dieu ! Dites-moi, simplement, si vous l’avez vu. Bon dieu, l’avez-vous vu ?
― Mais qui ? L’avons-nous vu qui, bon dieu ?
― Oui, Bon Dieu !
― Ma foi, non. Il paraît qu’il n’existe pas, alors le voir, pas évident, pas vraie Belzy ?
Le barman riait. Belzy partageait son opinion, souriant ironiquement, sous son chapeau noir genre peintre de plein air. Il avait un étrange éclat dans ses yeux.
― Il est ''the target''. Je le cherche pour lui poser la question s’il existait ou pas. Si oui, je peux finir mon job. Sinon tant pis. Comme je l’ai vu entrer… tiens le voilà, il traverse la rue.
― Cours-lui après, dit Belzy, le café est pour moi.
― Merci !
Les gens marchaient dans les deux sens, le long du trottoir. Je courais le regard fixé vers le passage commercial, de l’autre côté de la rue, dans lequel, Il pénétra au moment même où, la porte du ''Joy's bar''coupa le rire de Belzy en se refermant, dans mon dos.
Quelqu'un me prit le bras. Une dame me souriait. Ce sourire a du avoir un charme de séduction redoutable, il y a six ou sept décennies.
― Aidez-moi à traverser la rue, jeune homme.
― C’est que je suis très pressé, moi. D’accord, mais alors vite fait.
Je l’ai portée en courant .
― Merci, le Bon Dieu vous le rendra.
― Pour ça, faudra, encore, que je le rattrape, madame.
J’étais à l’entrée du passage et je crus Le voir pénétrer dans un coffee bar de l’autre bout, à la sortie du passage. Je m'y dépêchai et dès que, je franchis la porte, je l’ai vu et j’ai su, que ce n’était pas Lui.
―Un café. Avez vous vu Bon Dieu.
―Pourquoi dites-vous Bon Dieu ? On ne dit jamais Mauvais Diable. Que diable ! Ou bien : le Malin, Belzébuth, Lucifer. Pourquoi nous impose-t-on cette habitude linguistique. Avec Dieu, ce qu'il y a de terrible, c'est qu'on ne sait jamais, si ce n'est pas un coup de l'Autre.
―Arrête Belzy, on t’a demandé si tu l’avais vu. C’est tout.
― Non. L'augmentation de l’alcoolisme de 45%, deux tiers des enfants du Monde ont faim, les guerres, le garagiste s'est tiré avec sa belle-sœur. Non, on ne l'a pas vu votre Dieu. Votre café est pour moi.
Il m’adressa un sourire. Son regard avait un éclat étrange sous sa casquette de base-ball.
J'ai erré toute la journée. Dans un moment, j’ai cru le voir parler avec un couple avant d' entrer dans un yellow cab. La fille éloigna son compagnon de moi, avant que j'ai pu dire un mot :
― Viens Belzy, je n’aime pas les gens qui posent des questions bizarres.
Il me tourna le dos pour l'emmener. Brièvement, je pus voir un petit éclat étrange dans son regard.
A la tombée de la nuit, je n’avais pas envie de rentrer chez moi. Et si j’allais boire un coup avec quelqu’un ? Un homme passa.
―Hé ! Jeune homme …
ll continua sans se retourner.
―Hé ! Belzy.
Il se retourna.
―On boit un coup ensemble ?!
―Pourquoi pas ?
Il tenait une bouteille dont le cou émergeait entre ses doigts.
― Whisky, a good one. Ailey.
J'ai bu, Il était très bon, en effet.
― Écoute Frenchy, abandonne ! Laisse tomber ton contrat.
Je le regardais sans rien dire.
― Tu vois, c'est avec moi que tu es resté, à la fin de cette journée. Si tu honores ton contrat any Belzy more arround.
Il me sourit. Il y avait, dans ses yeux, une étrange lueur.
Un
texte de je ne sais pas d'où
Encore
visible
Est-ce
un rayonnement fossile ?
Peu
importe ! ANIMONS !
Il
y aura-t-il des lois imposant l'oubli du passé, il y aura-t-il une
nuit au soleil noir pour brûler les mots, les souvenirs
Il
y aura-t-il une prière pour la porter, la murmurer le long de la
rivière pour
Ce
conteur
Ce
veilleur d'aube
Chercheur
d'un nom pour ce pays
Un
pays qui n'apparaît sur aucune carte Invisible pour les voyants
Que
sais-je
Peu
m'importe puisque je vous lis
En
tissé de verbe d'espérance...
Aphorismes
décoiffés mais endimanchés
Parler
avec un con, c'est du temps perdu. Se taire aussi.
Si
un con sait qu'il est con c'est un début d'intelligence.
Si
je me promène seul je peux rencontrer quelqu'un, si quelqu'un se
promène seul, je m'en fous.
Tout
le monde dit qu'il ne faut croire personne, mais personne ne le
croit.
Quand
une femme te pose la question ''à quoi tu penses'', elle veut dire
'' à qui tu penses '' !
Il
y a comme une injustice dans la vie. Jeune tu peux tout mais t'as
rien, vieux t'as tout et tu peux rien.
La
femme de votre vie partage, obligatoirement, votre lit mais la femme
qui partage votre lit n'est pas obligatoirement, la femme de votre
vie.
L'optimiste
confond : ''il n'y a plus rien entre nous'', avec ''tu sens ma
peau'' ?
.
.
Il
est impossible de persuader un con qu'il l'est. Même pour quelqu'un
de très intelligent.
Heureusement
qu'on a des toubibs. Sinon beaucoup d’entre nous n’auraient
personne devant qui se déshabiller.
Désir
d'une femme ne se calme pas par la possession d'une autre.
Si
je me réveillais c'était pour la regarder, maintenant si je la
regarde je m’endors.
Elle
ne comprenait rien de ce que je disais et elle m'aimait. Maintenant
elle comprend tout mais elle aime un autre.
Quand
on fait l'amour, on baise forcement et ce n'est pas forcement bien à
dire mais quand on baise on ne fait pas forcement l'amour mais c'est
forcement bien.
Depuis
ruelle Mignonnette vers le monde
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